lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 46

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “- Je croyais que l’on avait dit que le sujet était clos, répondit David d’un ton un peu sec.
Salomon sursauta, son doigt glissa un peu vers l’est sur le globe vert et bleu. Il avait retrouvé sa place, tout en bas, son statut de petit cloporte honteux, regardant de loin la jolie abeille aux multiples rayures qui s’affaire autour de sa belle demeure. Qu’à cela ne tienne, se dit-il. Puisque l’on ne veut plus de moi, je ne vais pas m’imposer plus longtemps. Après tout, le devoir l’appelait, il fallait qu’il contacte ses autres élèves pour planifier son emploi du temps des prochains jours. David avait apprécié ses conseils, mais, comme c’est souvent le cas, il préférait garder le message et se débarrasser du messager.
- Je vais vous laisser, j’ai des obligations.
- Je viens avec vous.
C’était bien Griselda qui avait parlé. Elle s’était même déjà levée de son siège. David, un peu étonné, avait fait de même, alors qu’il n’avait pas jugé nécessaire de se déranger pour saluer son cousin. Salomon se sentit soudain comme un homme en chute libre qui voit un parachute s’ouvrir au-dessus de sa tête.
- Avec plaisir, puis-je vous accompagner quelque part ?” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Il n'est encore qu'une heure quinze. J'hésite à commander à boire. Si je prends une bouteille, Reinette ne voudra peut-être pas de vin pour le déjeuner, et je ne pourrai pas toute la boire, ce serait dommage. Cependant, je vois sur le menu une bouteille de Château St-Ferréol à laquelle je ne peux résister. Je fais signe au serveur-comptable, qui me regarde en fronçant les sourcils puis fait un geste qui m'enjoint à attendre un instant. Il disparaît dans les cuisines. Deux autres serveurs en sortent bientôt ; le premier, corpulent, pataud, vient écouter ma commande. Le second, très mince, nerveux, pressé, surgit presque instantanément, une bouteille à la main. Malheureusement, ce n'est pas la bonne bouteille. Il repart, revient presque immédiatement, m'apprend qu'il n'y a plus de Château St-Ferréol à la cave. Je lui dis de laisser tomber, de m'apporter plutôt une carafe d'eau. « Château La Pompe », me dit-il en riant, comme s'il venait d'inventer la plaisanterie.
À ce moment, quelqu'un entre dans le restaurant. Je ne le connais pas, mais, après avoir jeté un coup d'œil circulaire, il se dirige directement vers moi. C'est un homme dans la trentaine, très grand, aux épaules très larges, le crâne rasé, des airs de para.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “— Hors de question ! Cette explosion, c’est peut-être une opération commando pour vous enlever, madame.

— Bon écoutez… C’est bien de penser à ma sécurité mais je veux sortir de là, j’étouffe. Après une telle horreur, je me vois mal travailler aujourd’hui. Écoutez, je veux juste rentrer chez moi.

— Non, ici vous êtes à l’abri. Cette voiture est une véritable forteresse. Mais… Oh putain, c’est quoi ça ? Des paras !? », coupe le chauffeur.

Deux parachutistes se sont posés derrière la voiture, pistolets-mitrailleurs en bandoulière. Leurs toiles gonflées de vent s’échappent et s’envolent au loin. Les types s’approchent, féroces.

Mue par la peur, Coralie franchit l’accoudoir central et déverrouille la voiture. Elle ouvre la portière et s’apprête à plonger par-dessus le parapet.

Mais elle sent comme une odeur piquante ou une piqûre sonore et elle se fige. Elle n’est plus maître de son corps. Son regard se tourne vers le commando. Ils ouvrent le feu sur le chauffeur et le criblent de balles. Ils encadrent un fourgon vert. Mécaniquement, elle se dirige vers cet abri.

Elle sait ce qui la meut : la stigmergie (de stigma, piqûre, ou signe distinctif, et ergon, travail), elle connaît un peu les rudiments. Le fourgon correspond au lieu sûr et quelque chose en elle la pousse à s’y abriter. Elle suit les commandements de la colonie des cancrelats. Elle fait partie du groupe. Mais quel est-il, ce groupe ?” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Ce n'est pas le seul projet de l'insatiable Keiko, qui, outre le Cabaret de l'amour, dirige une association d'agit-prop (elle a volontairement recours à ce vocabulaire désuet) écologiste. Dans la journée, elle organise des manifestations apparemment spontanées dans les centres commerciaux. La semaine d'avant, en compagnie de Katsu et de quelques autres amis, elle s'est exhibée presque nue et couverte de miel devant les portes du restaurant panoramique de la tour Mori.

— Un grand moment, raconte-t-elle à Etsuko en faisant sauter des boulettes à la pieuvre. Malheureusement, on n'a pas pu monter sur la plate-forme. Les gardes nous ont couru après et j'ai dû me réfugier dans les toilettes. Je te montrerai les photos et le film. Tu viens à la prochaine ? C'est un lancer de coccinelles mutantes à Ueno. On voulait faire ça à Yasukuni mais…

— Coccinelles mutantes ?

Etsuko est blême. Les souvenirs remuent encore, même si elle n'en connaît plus le contenu.” (Dragon Ash)