lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 45

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Les trois convives se mirent à boire et à manger en silence,
observant le feu qui crépitait toujours dans la cheminée. Salomon
tenait son verre d’une main presque tremblante. Il était au milieu du
gué, perdu entre deux eaux, calculant frénétiquement ce qu’il lui
fallait faire. Détective amateur perdu dans une affaire qui le
dépassait, il se sentait perdu. La belle assurance qui l’avait habité
quelques instants auparavant avait disparu aussi vite qu’elle s’était
manifestée. Pour se donner une contenance, il se leva, et s’approcha
de la mappemonde qui trônait sur la cheminée.
- Et si tu devais partir, David, dans quel pays irais-tu ?” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Je ne sais pas si j'ai déjà pu échapper à mon poursuivant. Je change de toute façon à Châtelet, comme prévu ; je me fais tout petit, je marche lentement, je reste dans la foule. Bien malin qui pourra me voir et me suivre. Je sors du métro et trouve facilement le restaurant : « La Baguette magique, bistro, grillades et vins de pays », indique la porte d'entrée. Il est encore tôt, mais j'entre tout de même. Un serveur obséquieux, qui porte une fine moustache qui le fait ressembler à un comptable dans un film des années 50, me mène à une table ronde.
Je m'installe de façon à bien voir la porte. « Je ne voudrais pas louper Reinette », me dis-je. À la table d'à côté, un homme seul est en train de manger une darne de saumon grillé, tout en lisant un guide de voyage : L'Indonésie pour les petits budgets.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “Devant la voiture, au loin, une lueur vive attire brusquement le regard, puis une boule de feu engloutit la chaussée surélevée. La détonation, lourde, heurte le véhicule et cogne l’estomac.

« Attention, madame, baissez-vous… », lâche le chauffeur d’une voix fébrile.

Mais Coralie ne se baisse pas, elle observe les moindres détails de la scène, à mesure que l’on se rapproche : au centre du terrible incendie, un camion citerne est éventré ; des personnes s’échappent en tous sens, certaines ont les vêtements qui flambent, elles sautent de l’autopont par-dessus les rambardes ; des voitures sont encastrées les unes dans les autres. Elle tente de les compter. Pire, son esprit évalue le nombre de victimes — personnes seules, petites familles, collègues de bureaux en covoiturage — enchaînement de pensées absurdes…

Elle sait. Ils sont là, en embuscade, les forces déchaînées venues du monde entier pour découvrir son secret. Dans ce monde où les gros poissons cherchent à dévorer les petits, il va falloir se faire le plus petit possible pour passer inaperçu.

« Ouvrez la portière, ordonne-t-elle au chauffeur qui s’est arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence.” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “À Shinjuku, ils se séparent à contrecœur. Daisuke rentre à Nezu nourrir les poissons, dit-il, et attendre Etsuko, infini plaisir,

— Ou bien te retrouver au Cabaret de l'amour.

Il est presque trop tôt pour aller travailler ; elle passe une demi-heure au sous-sol d'Issaten, à contempler les gâteaux secs en se demandant comment la main du Bouddha a opéré. Elle sait qu'elle est guérie mais ne se rappelle plus de quoi. Elle achète des chocolats suisses pour Keiko et une bouteille de vin de bourgogne pour le retour à Nezu, au petit matin. La nouvelle vie, pour ainsi dire. Dehors, tout lui paraît frémir, piaffer — humains et machines : la rue attend la nuit pour des raisons obscures.

— On vit qu'une fois, hein ? Alors dans le plaisir, lui dit un garçon en lui tendant un prospectus vantant la grâce des hôtes masculins du bar d'en face.

Avant d'arriver dans Golden Gai, elle en accepte quatre autres, qu'elle remet à Keiko sitôt parvenue au Cabaret (Keiko en fait des grues en prévision, semble-t-il, d'une vaste performance où mille neuf cent quatre-vingt quatre de ces pliages seront lâchés, en feu, dans la Mer intérieure, pour apaiser les Dieux.)” (Dragon Ash)