lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 39

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Alors, il parla :

- Oui, je suis tout à fait d’accord avec vous, Mademoiselle. Je disais d’ailleurs tout à l’heure la même chose à ma voisine, Mme Cohen, qui craint déjà de voir son fils pendu à une branche d’arbre. Il n’y a rien à craindre du côté des autorités, et il ne faut pas céder à la panique. Que diable, nous ne sommes pas des moutons ! Nous n’allons pas retomber dans la malédiction du Juif errant de par le monde, jamais certain de trouver, à la nuit tombée, un toit au-dessus de notre tête. D’autant que ce toit-là, ajouta-t-il en montrant le plafond orné de fresques, n’est pas des plus désagréables…” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Elle s'éloigne en direction de la rive droite. Je regarde l'heure ; il n'est même pas encore 5h30. Je décide de rentrer tout de suite chez moi, je vais me recoucher, dormir, et arriver frais et dispos au restaurant. J'hésite pendant quelques instants à prendre le métro, qui doit bien avoir repris à l'heure qu'il est, mais finalement je préfère rentrer à pied.
Quai de Conti, je remarque un homme appuyé à un arbre : il regarde dans tous les sens, sort son téléphone et le regarde intensément, comme s'il était parfaitement normal qu'il se trouve là, devant l'institut, à cette heure-là. En réalité, c'est sa chevelure qui est remarquable. Il a des cheveux frisés très longs, très noirs, qui forment une vaste bulle autour de sa tête, comme un mouton qui aurait la chair de poule.
Je ne peux m'empêcher de sourire et je détourne le visage pour qu'il ne me voie pas – il semble en effet me suivre du regard.
Quand je repasse devant l'agence de voyages où je m'étais arrêté tout à l'heure, j'aperçois ce même homme dans le reflet de la vitrine. Sur le trottoir d'en face, il marche d'un pas lent, il déambule, comme un touriste.
À ce moment passe un taxi. Je suis trop las, je le hèle. J'ai besoin d'aller dormir.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “Un coup d’œil à l’horloge qui surplombe la porte de la cuisine : 8h20 et quelques… vingt-deux… Satanées rêveries… Bon… S’activer un peu… Se secouer les puces ! Le chauffeur est censé arriver à la demie… Tout juste le temps d’enfiler un jean et de s’attacher les cheveux !
C’est que le « projet nocturne » est entré dans une phase cruciale, maintenant. Rien n’a encore fuité dans la presse mais les agents du monde entier sont sur leurs gardes. Le chef du labo a été escamoté à la vie publique et administrative. « Se cacher dans les branches », ils appellent ça…
Le rêve de cette nuit lui revient alors… L’arbre géant, la tente, les regards, l’angoisse… Pourvu qu’on ne lui demande pas à son tour de vivre clandestinement !
On le lui a déjà fait comprendre, mais elle n’a pas voulu le savoir. Ce sera bientôt son tour. Et elle n’aura pas trouvé le temps de renouer avec ses anciennes copines.
En cherchant pour ses cheveux un élastique de couleur sur son meuble télé, elle songe qu’Antoine a certainement oublié son DVD porno. Elle ouvre la platine ; il y est.
Dehors, un klaxon. Elle glisse inconsciemment le DVD dans sa sacoche.” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Il finit par se lever, sans trop savoir que faire. Travailler, descendre passer la nuit au labo ? Il n'était même pas minuit. Il regretta vaguement d'avoir cédé sa télévision au stagiaire du labo des singes. La nuit était propice à l'abrutissement. Il ramassa son téléphone, sur l'écran duquel figurait trois mots. Appel manqué, Hunter. Lequel n'avait pas laissé de message. Et sur l'ordinateur ?

Nom de Dieu, Etsuko.

Il se moucha. Son cœur battait très bruyamment et sur un rythme qu'il trouva curieux : bambam bam bambam bam. Que n'avait-il la force d'effacer le message sans le lire ! Il vit son visage se refléter dans les zones plus sombres de l'écran. Le nom de Kagi Etsuko lui grattait la joue. Il se pencha, les lettres grossirent jusqu'à perdre leur sens. Il se rappela du jour où Hunter et lui l'avaient emmené dans Pollock Canyon. Au fond du trou, il y a une mare minuscule et deux arbres aux feuilles rougeâtres. Ils avaient bu de la tisane de champignon et, couchés en étoile, regardé le ciel jusqu'à y voir l'un un trou, l'autre un monde tournoyant et la troisième — on ne sut : elle se tut.

"Arrow, rêves-tu comme moi du singe ? Si oui, que te dit-il ?"” (Dragon Ash)