lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 38

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “ – Figurez-vous, ma chère Griselda, que mon cousin Salomon est du même avis que vous. Il m’a dit, lui aussi, qu’un départ précipité serait absurde, et suspect. Tout bien réfléchi, je vais, pour l’instant, être d’accord avec vous. Il ne sert à rien de suivre un mouvement si l’on n’est pas sûr de ce qui le motive. Je ne veux pas attendre sagement que l’on me tonde, enfermé dans ma tour d’ivoire, mais je n’attends pas non plus que tous les problèmes du pays soient résolus d’un coup de baguette magique. Cette terre nous a donné beaucoup, ce gouvernement aussi, il serait bien ingrat de ma part de le laisser ainsi, à la première inquiétude.
En entendant le nom de Salomon, Griselda s’était tournée vers lui, et avait même semblé le reconnaître. Lui se perdait dans les nuages de ses yeux, indifférent à ce que disait son cousin. Il lui fallait, tout simplement, garder à tout prix ce regard dans le sien.” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Je m'écrie précipitamment :
– Je suis désolé, Reinette, n'aie pas peur ! Je ne veux pas que nous nous disputions. Je ne m'attendais pas à te voir, c'est tout. Je suis surpris.
– Mais comment savais-tu, d'ailleurs, dit-elle, que je passerais ici ?
Et me voilà à la croisée des chemins... Que dois-je répondre ? Si je dis que je ne le savais pas, que c'est le hasard, je parais sincère mais elle aura toujours des doutes. Est-ce que je la surveille ? etc. Mais si je commence à lui dire la vérité, je dois tout lui dire, et ce sera long, et elle m'en tiendra sûrement rancune. Je l'ai suivie, traquée, d'un continent à l'autre, après tout, sur la seule intuition jalouse qu'elle fréquentait un homme que je ne connais pas, elle qui pourtant ne me doit rien et n'a aucun compte à me rendre.
– Mais je n'en savais rien, je t'assure. Je te croyais partie aux États-Unis, c'est toi-même qui me l'avait dit !
Elle ne répond rien et me regarde d'un air suspicieux.
– Tu crois, dit-elle enfin, que le Fumoir est déjà ouvert ?
– Ça m'étonnerait, dis-je. Ce n'est pas le genre d'endroit où vont les employés avant le travail. Mais si tu veux prendre un café, viens, on en trouvera bien un qui est ouvert.
Je fais un signe en direction du Louvre, dont la silhouette imposante se dresse face à nous dans la lumière naissante, comme un grand mur noir.
Elle hoche la tête.
– Non, dit-elle, en fait je n'ai pas le temps, je suis même bien en retard. Tu connais la Baguette magique ? C'est un restaurant dans le onzième. On s'y retrouve à 13h30, pour déjeuner.
J'accepte son invitation avec soulagement.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “Mais elle a trahi tous ses amis. Elle est partie sans prévenir. Après son bac, elle a disparu.
Cambridge. Puis Lausanne. Puis Milan.
Pour les études. Pour le travail.
Mais surtout pour fuir son père en deuil — son père retranché, emmuré ; l’ombre sinistre de son père projetée dans toute la maison.
Pour surmonter la mélancolie, elle est partie loin de la maison s’engloutir dans le travail et dépenser l’argent inutile de son père.
Remonté à la conscience, un souvenir : elle s’engage dans un amphithéâtre du département de biologie de l’université de Cambridge, prise dans la petite foule, elle étouffe comme au milieu d’un troupeau et elle croit reconnaître Jean-Jesus surplombant tout le monde avec sa touffe épaisse de cheveux, mais ça ne peut pas être lui car il n’a pas les moyens d’intégrer Cambridge !” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Arrow s'était toujours trouvé à son aise au labo. La ville ne lui manquait pas. Si nombre de ses collègues ne tenaient pas plus de deux ans, il n'imaginait guère plus l'existence hors du désert. Quand il en aurait fini avec les brebis mutantes, il s'achèterait un mobil-home et s'installerait à Blanding ou — s'il en avait les moyens — à Moab. Ou pourquoi pas chez Peony, histoire de pourrir avant l'heure, les os rongés par les radiations du lac ? Le passage de la comète Etsuko changeait-il les choses ?

Une auto passa dans le lointain — non, un car, un long car scolaire repeint en blanc. Hunter était parti chasser, sans doute. Ou dormir au pied d'une mesa. Ou, qui sait, trouver une fille vers Moab.

Pas sûr. Il y avait deux Arrow. Un qui se voyait mourir un soir d'été sur les rives de Purity Lake (Peony, Hunter, roulez mon corps dans une couverture et laissez-le au fond d'un canyon, il nourrira les bêtes) des années plus tard, l'autre qui revenait au monde dans le sillage d'Etsuko. Elle ne reviendrait de son étrange voyage, se disait celui-là, que pour arracher Arrow à son endormissement. Ces deux Arrow se superposaient sans lutte.” (Dragon Ash)