lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 37

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Salomon la regardait, fasciné, les yeux perdus dans ses boucles blondes, aussi incapable de parler qu’une tortue retourner de se remettre sur ses pattes. Le soleil déclinant passait à travers les fenêtres du manoir, et donnait à la scène quelque chose d’irréel. Il aurait fallu que Salomon appelle un autre de ses élèves, pour savoir si le cours du lendemain était maintenu. Mais il ne voulait pas y penser, il ne voulait qu’une chose : se perdre dans cette lumière comme dans la plus noire obscurité.” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Nous nous regardons, en silence, chacun aussi étonné que l'autre de se voir en ce lieu, à cette heure improbables. Nous nous regardons, comme deux étrangers qui se voient pour la première fois. J'essaie de sourire, d'avoir l'air normal, d'être content de la voir, mais, je ne sais pas pourquoi, je me sens comme un mouton à l'abattoir. Son visage, une fois la surprise passée, se renfrogne. Elle rentre la tête dans les épaules, comme l'on fait quand on a froid, comme une tortue qui veut laisser sa carapace la protéger.
– Mais qu'est-ce que tu fais là ? demande-t-elle enfin.
– Et toi ? Je te croyais aux États-Unis, je ne savais pas que tu étais rentrée.
Elle ne répond pas. Je ne m'attendais pas à la voir, mais puisqu'elle est là, devant moi, je dois en profiter.
– Pourquoi tu n'as jamais répondu, quand je t'ai téléphoné ?
Son visage cette fois s'assombrit tout à fait. Cette simple question aurait-elle suffi à rallumer le flambeau de la discorde ? Elle va partir, elle va s'en aller, sans que j'aie le temps de lui parler, et je ne la reverrai sans doute jamais : il faut la retenir, il faut me faire pardonner. Il faut changer de stratégie.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “***

Coralie s’éveille maussade, mécontente de sa soirée, embuée de sa nuit.
De son rêve, elle ne garde que le souvenir d’un regard, d’un arbre ; mais elle ne veut pas y penser.
Qui apprécie le lundi matin ? Tout le corps gourd qu’on essaie de se dérouiller, l’anxiété qu’on cherche à faire refluer mais qui reste dans le fond de la gorge avec la pulpe du jus d’orange. On observe dans le bol les flocons de céréales, leur apparence de moutons sales, serrés les uns contre les autres, noyés dans leur masse grégaire, confuse, gorgés de lait.
Où est passée l’insouciance ? La joie ? Où sont maintenant les vieilles copines ? et ces jours qui vous faisaient sourire et vous éveiller heureuse ?… Elle fouille à la lampe torche, involutive, les souvenirs clairs, les jours heureux. Ils sont pourtant là, partout, en tous lieux du jadis obscur. Ils y miroitent, y scintillent, y étincellent encore. Il serait si simple de décrocher le téléphone et de dire : « je suis revenue ! Vous vous souvenez de moi ? Eh oui, je suis revenue dans ma bonne vieille maison… »” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Un œil lui rampait sur la jambe, un œil vert vif. C'était le nerf optique, proprement coupé, qui permettait à la chose d'avancer. Arrow était plus intrigué qu'horrifié : cet œil, était-ce celui de Deirdre ou le sien ? Le sien, comprit-il lorsque le curieux reptile lui sauta au visage.

— J'ai vu du pays, murmurait, derrière son nez, une voix qui n'était pas exactement la sienne.

— Dis-moi ?

L'œil impatient ressortit de l'orbite et lui coula le long de la joue.

— Tu te fiches de moi, saleté.

Entre le pouce et l'index d'Arrow, la créature se tortillait. Le docteur amusé reconnaissait les détails de son globe oculaire gauche, tel qu'il l'avait souvent observé dans la salle de bain : l'iris où le vert gagnait assez clairement sur le jaune et le brun, la petite tache noire près de la pupille, la veine minuscule qui frôlait le bord de l'iris. Arrow portait la main à son orbite vide et en sortit une bille de terre cuite. L'œil se métamorphosa : c'était un singe minuscule qui martelait de ses poings infimes la paume d'Arrow.

Nom de Dieu, soupira Arrow éveillé et ne se souvenant que trop des piaillements furieux de la créature. Il alla s'étendre sur le canapé, soudain désireux de retrouver ce compagnon dans le sommeil. Sur la moquette, son téléphone se mit à vibrer, progressant à chaque sonnerie d'un bon demi-centimètre. Il ne tendit pas le bras — et resta un long moment à contempler, sans pouvoir dormir, les progrès de l'orage nocturne sur les canyons.” (Dragon Ash)