lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 33

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “David le regarda avec une nuance de respect, chose assez inhabituelle pour que Salomon en soit à la fois surpris et touché.
- Tu as raison, Salomon. Laisser la maison serait absurde, et puis, nous avons mis le jardin à disposition des autorités, le Ministre était ravi.
David poursuivit, d’un ton de plus en plus assuré ; il semblait à présent s’adresser davantage à lui-même qu’à son cousin.
- Et puis, retirer nos investissements du pays, cela serait du plus mauvais effet. Il faut au contraire qu’on montre notre loyauté. Si tous les Juifs s’en vont à la moindre rumeur, n’a-t-on pas raison de les qualifier de traîtres ? Merci, Salomon, de m’avoir ramené à la raison.

Avec un sourire radieux, qui réchauffa Salomon jusqu’à la moelle, David lui tendit la main.” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “La retraite d’Heisenberg avait été coupée. Il ne lui restait plus qu’à repartir à l’assaut, mais en changeant de stratégie. Ses attaques frontales ayant échoué, il décida de contourner Sheep par le flanc et de le lancer sur un autre sujet: “Je n’ai pu m’empêche d’admirer sur votre lettre ce filigrane en forme de pyramide. Je me demandais: quelle est sa signification? Sheep lança ses mains en l’air, frétillant de plaisir, son visage s’éclairant à l’idée de partager un nouveau détail de son existence avec un parfait inconnu. Monsieur Sheep fondit sur Heisenberg, s’arrêta, se replia: “Non, la pyramide, cela n’a aucun rapport avec notre affaire.” Silence. Sheep sortit de sa poche une montre à gousset, la regarda distraitement, et prit un air impatient: “Nous avons trop tardé. Je vais vous donner les détails de cette affaire, que vous puissiez vous mettre rapidement au travail.”
***” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Me voici arrivé au Louvre, qu'il faut contourner puisque tout est encore fermé. Au-delà des arcades, j'aperçois la pyramide, étonnamment petite et frêle dans cette pâle lumière. Je presse le pas, car ce détour risque de me mettre en retard. Il est déjà presque cinq heures. J'arrive enfin à la Seine ; je ne distingue personne sur le pont des Arts.
Je me rends jusqu'au centre du pont et, les bras serrés contre le corps, je fais les cent pas, je regarde et j'attends. Un employé municipal passe, son balai vert qui traîne derrière lui. De temps à autre, il donne un coup velléitaire et découragé avec son instrument. Il heurte une bouteille de bière, qui se met à rouler tout doucement vers le bord du pont. Nous la suivons tous les deux du regard, tandis qu'elle poursuit son lent et cahotant chemin et disparaît par-dessus bord. Il lève les yeux vers moi et hausse les épaules. « Celle-là sera pour les poissons », semble-t-il dire. Il s'éloigne.
Je regarde vers l'horloge de l'institut, mais il n'y a toujours pas assez de lumière pour y distinguer l'heure. Je regarde donc ma montre : il est 5h04.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “Coralie mit ses poings à ses hanches et souffla un bon coup.
« Bon, je suis fatiguée là…
— C’est bien ce que je dis… On va le sortir de la maison, comme ça on sera plus tranquilles. »
Jean-Jesus s’agrippa au bras d’Antoine : « Pharaon ! Ô mon ennemi ! Les eaux t’engloutiront une seconde fois ! Ton peuple ira nourrir les poissons !
— Raah, putain ! Aide-moi à le faire bouger de là, dit Antoine entre deux efforts pour soulever l’intrus.
— Je veux bien essayer, mais pas comme ça… », fit Coralie.
Elle se tourna vers son ami et dit doucement :
« S’il-te plaît Jiji, je suis fatiguée… Tu crois que tu peux rentrer chez toi ?
— Non ! Je ne peux pas te laisser avec Pharaon ! Dieu va renverser ta maison !
— Bon allez, c’est simple, Coralie, tu choisis : ce mec taré ou moi. Si tu me choisis, on le balance dehors ou, même, on appelle les flics… »
Coralie se laissa glisser mollement contre le mur du couloir et se retrouva assise en vis-à-vis de Jean-Jesus.
« Ou alors, si tu ne peux pas prendre une décision, tu joues ça aux dés…, tenta Antoine.
— Je n’ai pas tellement envie de rigoler, tu vois ? En fait, j’ai plutôt envie de vous envoyer paître tous les deux…, gémit-elle.” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Une fois à Kamakura, ils décident de ne pas aller plus loin. La plage est noire, la mer trop froide pour qu'on ait envie de se baigner. Ou bien c'est le choc en retour de la réplique du matin. Sanghee — qui, bien que mariée à un ingénieur toujours en vadrouille sur les champs d'éoliennes du grand Nord, n'est pas indifférente aux charmes faussement juvéniles de Katsu — a accepté le tour de passe-passe. Avant d'aller prendre le train, Etsuko a envoyé un message au labo. Contrairement à ses habitudes, elle ne l'a pas chiffré, faute de temps. "Arrow, rêves-tu comme moi du singe ? Si oui, que te dit-il ?" Le train file dans les banlieues ensoleillées et le regret l'assaille. La somme de ses mensonges est si grande que rien ne pourra les absoudre, c'est certain. Elle ne retraversera jamais l'océan : qu'elle s'y risque, et l'oiseau Roc — ou quelque dragon — fondra sur l'avion et lui mangera le cœur.

— Il faudrait peut-être que je prenne certaines décisions, dit-elle à Daisuke, tandis qu'ils regardent deux gamins jouer au football sur la plage.

— C'est à dire ?

— Si je reste.

Elle passe la main dans ses cheveux, l'index sur la petite blessure du matin. Daisuke soupire.

— Il faudra tout changer.

— Mais si tu veux, dit-il, tu peux retourner là-bas.

— À quoi bon ?

Ah, se dit-elle cependant, mais viens, Roc, dragon, chimère, emporte-moi dans tes foutues serres, arrache-moi les membres et les tripes et crache mes yeux dans le désert, que je revoie Arrow avec ce qui me reste de vie. ” (Dragon Ash)