lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 31

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]

(Suite de l’histoire n°1) “C’était David, David le riche, le beau, celui que le Seigneur semblait avoir béni à sa naissance, celui que Salomon toute sa vie avait regardé d’en bas, conscient que jamais il ne parviendrait à s’élever jusqu’à lui. Mais, aujourd’hui, l’enfant des dieux faisait bien pâle figure. Il avait les traits tirés, cela faisait visiblement plusieurs jours qu’il ne dormait pas bien, il ne cessait de se passer la main dans les cheveux, qui semblaient tout à coup ternes et grisonnants.
- Qu’est-ce que tu veux, Salomon ? Comme tu le vois, la maison est un peu sens dessus dessous en ce moment.
Il n’y avait pas d’agressivité dans sa voix, le ton en était même un peu plaintif, comme s’il espérait, contre toute attente, que Salomon puisse l’aider à résoudre les calculs compliqués qui faisaient chavirer son esprit, comme s’il pouvait lui faire regagner son équilibre si rapidement perdu.” (Alice Bé)

(Suite de l’histoire n°2) “Ce moment de lucidité le poussa presque à sortir parfaitement du sommeil intellectuel où l’avait plongé sa mégalomanie. Il était près de se demander s’il était si nécessaire de retrouver qui avait dérobé son trésor, qui n’était autre qu’une idée, une idée certes géniale, mais qu’il pourrait sans doute recomposer à peu de frais, mais une idée qu’il perdait peu à peu de vue, son attention était désormais complètement absorbée par le vol dont il avait été victime, et la nécessité de retrouver et punir ceux qui l’avaient lésé, et, indirectement, la société entière dont la justice (lente) et la police (incompétente) et les élus (corrompus) et les médias (compromis), avaient conspiré à lui nuire. ” (David M.)

(Suite de l’histoire n°3) “En fait, je ne sais pas pourquoi, presque immédiatement me vient en tête une certitude : ce sera sur un pont d'où l'on peut apercevoir une horloge. Donc, probablement, sur le pont des Arts, et l'horloge de l'institut. J'irai donc sur le pont des Arts, à cinq heures du matin, et j'y retrouverai Locus, et j'aurai enfin la réponse à toutes mes questions. Cette décision ayant été prise, tout irrationnelle qu'elle soit, je m'endors paisiblement.
Quand je me réveille, je suis si peu reposé que j'ai un moment de vertige en sortant du lit. Une main appuyée sur le mur, j'essaie de retrouver mes esprits. Qu'est-ce que Boulier a dit exactement ? Est-ce que cela vaut vraiment la peine que je me lève ? Sur un pont, à cinq heures. Et si je me trompais ? Si, suivant le fil le plus ténu, je m'étais inventé une réponse à cette énigme que rien ne m'aide à résoudre ?
Qu'importe, après tout ? J'irai, et si Locus n'est pas là, je rentrerai chez moi et j'irai dormir. Voilà tout. Armé de cette consolation, je m'habille et je sors. Les rues sont désertes, les lampadaires sont toujours allumés. À cette heure-ci, il n'y a pas encore de métro, et je ne vois de taxi nulle part. Il faudra marcher.” (FG)

(Suite de l’histoire n°4) “— Non. Pas vraiment. Vous n’avez strictement rien à voir l’un avec l’autre… La même taille ? Faut être parano, Antoine… Dans ce bar, tu es le seul à avoir osé poser la main sur moi, c’est tout.
— Parce que tu me regardais…Non, je suis sûr qu’il y a quelque chose entre vous. Un équilibre que tu n’oses pas rompre…
— Antoine, je ne te connais pas bien et tu me fais peur. Tu évalues tout, tu calcules tout.
— Je suis un homme de vertiges, Coralie. »
Il passa sur elle sa large main. Il semblait pouvoir recouvrir sa tête, tenir tout son dos, prendre ses deux fesses dans la seule paume de cette main spectaculaire.
Jean-Jesus somnolait, les yeux entr’ouverts et grommelait de désapprobation.” (Louis Butin)

(Suite de l’histoire n°5) “Daisuke répond à sa mère, Etsuko à Keiko. Non, non, nous allons bien. La maison a tenu. Une fois de plus. Et Mme Tsukamoto ? Ah ? Je passerai au resto avant midi si tu veux. Mais ce n'était rien, 4 sur l'échelle de Richter. Dis donc, ton frère, qu'est-ce qu'il avait bu la nuit dernière. Etsuko bâille. La gamine dans la rue a ôté ses deux chaussures et pleure de soulagement, sans doute.
— Dai-chan ? On se recouche ?
— Dai-chan !
Ça le fait rire. Il tire sur sa barbiche grise. Elle pose sa tête sur ses genoux nus.
— Tu saignes encore.
— Chut. Dai-chan, caresse-moi les épaules.
Les épaules. Il les caresse et les lèche, jusqu'aux reins. Elle s'est endormie et rêve qu'un singe vert est assis sur son ventre, et qu'il lui parle d'une voix claire qui n'est ni masculine ni féminine ni, se dit-elle dans le rêve, animale. Et tandis que Daisuke lui masse le creux du dos, le singe lui tête les seins, comme un enfant humain.” (Dragon Ash)