lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 30

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Tout le monde courait, s’agitait dans tous les sens, au point que personne ne semblait avoir vraiment remarqué Salomon. Plutôt que d’héler quelqu’un, il resta coi, se déplaçant à pas de velours, comme s’il ne voulait surtout pas qu’on le voie. Il se demandait vraiment ce qu’il venait faire là, une fois encore il était totalement inadapté dans ce décor somptueux. Il s’adossa à la cheminée, comme à son habitude, et, comme la veille, s’abîma dans la contemplation des petites abeilles qui l’ornaient. Jusqu’à sentir une main se poser sur son épaule. ” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “Il s’élança vers Heisenberg, prêt à tout lui dire, s’arrêta. Il sentait en lui cette impulsion, de tout raconter, de donner tous ses secrets pour retenir l’attention et l’intérêt du détective. Mais était-ce nécessaire? Avait-il besoin de tout dire? N’allait-il pas encore, comme souvent, en dire trop, esclave de son besoin de reconnaissance? Géronimo, l’abeille, l’aveugle: tout cela était-il utile à Heisenberg? Dans un moment de lucidité, Monsieur Sheep parvint à se rendre maître de ses passions. Ce surcroît de force moral, que lui-même n’attendait pas de lui-même, était à la mesure de l’enjeu. Pour la première fois de son existence, il désirait un objet plus qu’il ne désirait qu’on l’aimât.” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Les choses vont de mal en pis. Je n'en peux plus de ces énigmes, de ces devinettes. Que me faudra-t-il faire encore ? Allez cueillir la fleur magique de l'Himalaya ? Je pourrai en profiter pour dire bonjour au yéti, puisque je serai au Népal... Tout d'un coup, je ressens une immense fatigue. C'est sans doute le décalage horaire ; je n'ai pas encore dormi une nuit normale depuis mon retour. Je vais tout de suite me coucher. Demain, j'aurai le temps de réfléchir ; demain, je serai plein d'énergie et je travaillerai sans relâche !
Au milieu de la nuit, je me réveille brusquement. Et si cinq heures voulait dire cinq heures du matin ? Je regarde le réveil. 3h45. Il ne me reste qu'une heure quinze minutes pour trouver la réponse.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “— Et ce pauvre Jiji… Regarde-le…
— Il va s’en remettre, fit Antoine après avoir soulevé sa chemise pour inspecter la blessure. Une éraflure… même pas une piqûre de guêpe…
— Sacré Jiji. On dirait encore un enfant. Tout neuf. Avec sa grosse touffe de cheveux… tu sais qu’il n’a jamais voyagé ? À cause de son père, il m’a dit… Il a peur de l’avion. Je crois bien qu’il n’a jamais quitté le quartier.
— Coralie, fit Antoine en la regardant d’une façon suspecte. Pourquoi, dans ce bar, tu m’as choisi, moi ?
— Et pourquoi pas toi ?
— Coralie, regarde-le, regarde-moi… Le même corps rallongé n’importe comment… Les pieds et les mains démesurés comme moi. Les mêmes bonnes joues et aussi, là, ses sourcils broussailleux… Tu ne vois pas une ressemblance ?” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Le sang qui coule du front d'Etsuko trace sa route lentement sur sa joue. Elle le barre de l'index, le goûte du bout de la langue.

— Etsu-chan, murmure Daisuke, hébété.

Elle a reçu juste au-dessus de la tempe un oiseau en bois tombé de la plus haute des étagères. Les poissons, comme Daisuke, sont indemnes. Une rumeur monte de la rue. Il y a des gens sur la chaussée, attachés-cases ou sacs à dos sur la tête. Une gamine en blanc, coiffée d'un casque jaune, regarde, assise sur le trottoir, un chien qui tremble et pleure sous une voiture.

— Viens, dit-il. Viens à côté de moi. Je t'ai attendu une partie de la nuit, tu sais ?

D'une main hésitante, il écarte les cheveux d'Etsuko. La coupure est longue, dix bons centimètres.

— Tu vois des étoiles ? Tu as envie de tomber dans les pommes ? De vomir ?

— Non, pas à ce point -là.

— Et puis j'ai appelé ta sœur qui m'a dit que tu étais partie très joyeuse avec Katsu.

— C'est vrai. Boire au parc, avec des amis à lui.

— Des musiciens ?

— Sûrement.

— Je ne me suis plus inquiété, j'ai dormi. Je vais te désinfecter ça.

La gamine a enlevé un de ses mocassins et la chaussette qui va avec et fait gigoter ses orteils sous le nez du chien, qui les lèche, les uns après les autres.

Fiche le camp, fantôme du passé, se dit Etsuko, qui serre les dents la minute d'après : Daisuke tamponne sa plaie à l'iode.

— Il y a une bosse, aussi. Tu es sûre que ça va ?

— J'ai un bruit dans les oreilles. Mais ça va, oui. C'est le manque de sommeil, tu sais ? Je n'ai pas dormi.

Elle se retourne, le regarde comme elle l'a regardé à l'aéroport : il est son geôlier sans le savoir.

Deux téléphones sonnent simultanément.” (Dragon Ash)