lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 28

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Secrètement, il espérait retrouver chez ses cousins la mystérieuse jeune femme de la veille. Cette fille au parfum de fleur, aux cheveux de miel, qui l’attirait comme un aimant en même temps qu’elle lui faisait peur. Face à elle, il n’avait su que faire, aveugle, démuni. Il ne le savait d’ailleurs toujours pas. Qu’avait-il à lui offrir, lui, minable répétiteur habitant un appartement miteux, alors qu’elle était habituée aux châteaux ? ” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “Tout était oublié: la jungle, l’abeille, mes souffrances, mes angoisses. J’étais absolument possédé par ce projet. C’était compter sans cet aveugle sournois, dont la forfaiture devait bientôt me replonger dans mon cauchemar, et mettre mes projets sans dessus-dessous”. Heisenberg, sentant là s’ouvrir une nouvelle et dangereuse bifurcation dans le récit, se racla la gorge à grands bruits, épuisant ainsi avec méthodes la courte liste des effets sonores dont dispose un homme civilisé pour indiquer au bavard qu’il s'égare dans son récit.” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Boulier m'ayant aperçu et reconnu pendant la pièce, il me fait signe de le suivre, après les applaudissements dispersés et vite fanés du public. J'entre derrière lui en coulisse. Il ouvre une porte et me fait entrer dans sa "loge" – en réalité une alvéole à peine assez grande pour qu'on s'y tienne à deux. Boulier commence à enlever son maquillage et va droit au but : "Tu viens me voir au sujet de Locus, c'est ça?" De près, il s'exhale de lui une sorte de magnétisme qui ne se traduit d'aucune façon à la scène : on a l'impression que tout ce qu'il va dire va être intéressant. Je comprends mieux sa carrière en lui parlant ainsi quelques minutes : en personne, les producteurs sont immédiatement séduits ; sur scène, il ne parvient pas à séduire les spectateurs. Sans manifester d'étonnement par rapport au fait qu'il sait la raison de ma visite, je lui dis que j'aimerais le voir, mais que je ne sais pas le joindre puisque je ne l'ai pas vu depuis notre séjour en Bourgogne.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “— Je voyais rien, j’ai trouvé que ça… et je l’ai juste piqué au foie avec…
— Oh ? La vieille dînette dans le débarras ?
— Aah…, gémit Jean-Jesus. Coro… Coralie… Ma fleur…
— Mais tu connais ce type ?, fit Antoine.
— Un peu… ça fait longtemps… on jouait des fois aux cow-boys et aux indiens dans le jardin.
— Il est gigantesque…
— Comme toi…
— Il est dangereux ?
— Pas autant que toi…” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Le singe chercha distraitement des poux sur la tête d'Arrow, n'en trouva pas, lui lécha les oreilles avant d'aller tirer la queue d'un des chats. La ménagerie d'Area 51 provenait du labo, à l'exception du chien et du vautour. Ces deux-là, le désert les avait crachés un matin de février. Le chien alors gros comme deux poings et le vautour traînant par le bec ce qui restait de sa mère. Le vervet et les deux chats avaient été sorti des cages par des nuits sans van Doorn.

Les végétaliennes tirèrent leur révérence.

— Je ne sais pas comment tu fais pour les supporter, ces connards, fit Hunter.

— Bah, ils ne sont pas si méchants. Ils nous envient, au fond. Ça serait si chic d'être un peu nègre. Ou un peu native.

Du comptoir, on avait vue sur le lac, scintillant. Et la route.

— Et puis, mon pauvre : c'est quand même un bon tiers de ma clientèle. Les deux gosses sont gentils.

Van Doorn, van Doorn encagoulé errant entre les cages. Van Doorn passant ses nuits à les surveiller, eux trois, sur ses écrans de contrôle. Depuis quand ? Nom de dieu, m'a-t-il vu…

Les deux filles à présent se baignaient, nues.

— Elles n'ont peur de rien, elles. Je ne foutrais pas l'ongle du petit orteil dans cette soupe. Ils vont à l'école, les mômes ?

— Penses-tu ! C'est éducation à la maison et cataplasmes au jus de cactus.

Mad Hunter au deuxième verre de mezcal raconta les méfaits du patron.

— Quel malade ! Qu'est-ce qu'il a derrière la tête ?

Arrow avait une douleur persistante derrière l'os frontal. Trop joué cette nuit. Trop réfléchi. Trop de soleil, trop de mezcal. Les bras croisés sur la table, il s'endormit. ” (Dragon Ash)