lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 26

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “ Les parents de Salomon, eux, n’avaient jamais vraiment pris au sérieux ces avanies infantiles. Reza et Esther étaient des gens discrets et moutonniers, venus dans ce pays pour s’y faire une place sans trop attirer les regards. Celui qui avait réussi, c’était l’oncle David, le frère de Reza, qui avait construit sa fortune au départ dans la lutte contre les nuisibles. La clé de son succès avait été de s’adresser à la bonne bourgeoisie de la ville en passant par les domestiques, qui faisaient régulièrement remarquer à leurs maîtres que les cafards ne pouvaient être admis dans une résidence aussi belle et prestigieuse que la leur. Ses premiers milliers amassés, David les avait habilement placés en bourse, pour ensuite investir dans l’immobilier, au lendemain de la Grande guerre, rachetant à leurs propriétaires ruinés par la guerre ou leurs compromissions avec l’ennemi ces mêmes maisons bourgeoises qu’il avait désinfestées quelques années auparavant.” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) ““Monsieur Sheep. Je comprends votre souci de ne rien me cacher, je l’apprécie, même. Mais plus vite mon enquête commencera, plus vite elle finira. Qui vous a volé? Que vous a-t-il volé? Et pourquoi s’adresser à moi - et non à la police?”” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Deux jours plus tard, je me retrouve à faire la queue devant l'entrée d'un théâtre, un billet à la main. "La Flèche et le Mouton", écrit par Lucien Boulier, mis en scène par Lucien Boulier, avec Lucien Boulier dans le rôle de Lucien. Mon intention est d'aller le voir après la pièce, de lui proposer de prendre un cocktail, et d'amener subtilement, discrètement, la conversation vers les sujets qui m'intéressent. Je prends sur mon siège. Mes semelles collent au plancher. J'essaie de ne pas penser aux insectes en tout genre qui doivent proliférer en ce lieu perpétuellement sombre et humide. Le rideau se lève sur un décor minimaliste : une marguerite en plastique, dans un pot, au centre de la scène, et, au fond, une porte ornée d'une énorme serrure. Boulier fait son entrée, côté cour.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “Immobile, tremblant encore un peu, il se calmait dans la contemplation attendrie de sa belle fleur.
Il entendit un frôlement dans le couloir, comme un crissement d’insecte, puis ressentit un brusque point de douleur au foie. Il s’effondra lentement, comme un immeuble démoli aux explosifs, saisi de douleur et s’accroupissant.
« Aaaah !... », fit-il.
Il put voir frémir sa belle fleur.
À ses côtés se tenait son cruel ennemi, l’homme à la clé, un couteau à la main.” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Vertes, phosphorescentes, trouées d'yeux noirs et luisants, des rats. Des rats de lumière. Van Doorn… van Doorn s'approchait tranquillement de son lit, une perceuse à la main. Bzzzzz… la mèche se rapprochait de sa tempe. Le sang coulait. Van Doorn passait une langue mince et violette sur des lèvres noirâtres. Deirdre agonisait dans sa cage, vidée de son sang par le vampire.

— Mais que nous veut-il ?

— Ça, mon vieux, j'en ai aucune idée.

Il fouilla dans la boîte à gant de Hunter, en tira une petite bouteille d'eau.

— Je peux ?

— Pas de souci. Attends ! Si. Souci. Il y a… un truc dedans. Ça ne va pas te plaire. Regarde sous le siège, il doit y avoir de la bière.

Tiède, certes, mais Arrow la but avec soulagement. Ils longeaient à présent Lake Purity. À l'extrémité ouest, se dressaient les quelques baraques de pisé blanc qui constituaient le village du même nom — une communauté de Californiens végétaliens l'avait presque entièrement colonisé, à l'exception de l'épicerie-bar, Area51, où Peony Taylor, une vague cousine de Hunter, mi-navajo mi-noire, vendait du matériel de chasse et de pêche, tout en exerçant les fonctions de shérif dans la zone du lac.

— Un truc ?

— Oui, je fais des expériences avec les xelimonques.

— Les quoi ?

— Chez Peony. Pas au labo. J'ai déménagé le terrarium depuis la visite de van Doorn aux singes. Je te montrerai. Des longicornes endémiques à White Canyon, c'est assez particulier.

Avec Mad Hunter, on pouvait s'attendre à tout. À Noël, dans son car scolaire, ils étaient montés à Bowler Point, se souvint Arrow, et ils avaient… Arrow s'étrangla sur sa bière. Le feu de Noël éclairait la main d'Etsuko, son genou, ses mèches noires. Accroupie, elle riait sans bruit, des larmes de joie lui coulant le long du nez.” (Dragon Ash)