lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 17

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]



(Suite de l’histoire n°1) “Salomon lança des regards affolés autour de lui, cherchant une issue, tel une bête traquée par des Indiens en chasse. Mais il ne trouva rien, rien qu’un bouquet de fleurs en train de faner posé sur une console. Il lui fallut alors plonger son regard dans celui de Mme Cohen, dans ses yeux d’arbre mort, sans savoir quoi lui dire. Son fils était un être méprisable, une sorte de parasite perpétuel, qui pouvait même être dangereux. Une fois, quand ils étaient petits, il avait trouvé un nid de guêpes, et, alors que Salomon voulait partir en courant, ce maudit Hershe lui avait pris la main et l’avait posée sur cette masse bourdonnante, jusqu’à ce qu’il hurle de peur et parvienne à se dégager. En apprenant son arrestation, Salomon ne put s’empêcher de se sentir soulagé.” (Alice Bé)



(Suite de l’histoire n°2) “J’étais un apache, un brigand, un aventurier. Tout me souriait: je traversais sans peine les forêts les plus dangereuses, pour en ramener les fleurs les plus rares, les papillons les plus beaux, jusqu’au jour où, d’un pied hardi, que je promenais nu sur le sol de la forêt, pour professer mon anticonformisme enfantin, je marchais sur une abeille constrciteuse. Mon cri vola jusqu’à Jakarta, à deux journées de marche.” (David M.)



(Suite de l’histoire n°3) “Le taxi continue à avancer à une lenteur désespérante, ce qui me laisse tout mon temps pour observer les maisons qui s'alignent le long de l'autoroute. Elles sont petites, toutes identiques les unes aux autres, mais toutes peintes dans des tons de pastel légèrement différents. Je retourne à mes réflexions. La maison de Moussart se trouvait au sommet d'une colline ; à l'époque où nous y étions, les arbres étaient sans feuilles, et la vue portait très loin sur les coteaux couverts de vignes. Quatre garçons et une fille ensemble pendant presque une semaine, l'idée, a posteriori, paraît plutôt mauvaise. Nous tournions tous autour d'elle comme des abeilles autour d'une fleur. Moi, j'étais amoureux d'elle depuis bien longtemps déjà, mais je n'avais encore rien osé lui dire.” (FG)



(Suite de l’histoire n°4) “Profitant du bourdonnement de la télévision, Jean-Jesus s’approcha à pas de sioux, souple et rapide. Il se tint bientôt à l’encoignure de la porte. La lumière du téléviseur découpait sa silhouette sur le mur du couloir ; son épaisse chevelure frisée donnait à son ombre la figure d’un homme-arbre.
Devant lui, de profil, la belle fleur se tenait alanguie sur son lit, face à la télévision, dégustant quelque chose dans un pot.
« Oh, monsieur mon petit page, disait la télévision, ne suis-je pas votre altesse ? Et n’êtes vous pas un petit cancrelat qui court sur mes cuisses ? »” (Louis Butin)



(Suite de l’histoire n°5) “Jo ne boit que du thé.
"Franchement, Etsuko-san, la vie, elle serait pas plus belle si on s'tenait à l'écart de ces putains de foutus poisons contrôlés par l'État ? La gnôle, la clope, tout ça ? Et quand c'est pas le gouvernement que t'engraisse, ce sont ces salopards de… J'me comprends."
Jo enfourne cinq boulettes de poulpe. Il est maigre comme un clou ; sur sa poitrine chétive, une petite croix d'or côtoie en pendentif un scarabée égyptien, une étoile de David et un autre symbole qu'Etsuko, qui fait griller vingt autres boulettes, ne reconnaît pas. Seigneur, songe-t-elle, un crétin syncrétiste.
Mme Park se mêle à la conversation, en anglais. Etsuko fait l'interprète. Keiko hache menu une pièce de bœuf. Arrive un vieil habitué, un ancien activiste d'extrême-gauche qu'on surnomme Hana-bi, Feu d'artifice, pour des raisons assez compréhensibles. "Il ne va faire qu'une bouchée du petit Jo", songe Etsuko.
Dont le regard en cet instant croise celui du gamin, dilaté, ardent. Et lui vient cette idée impossible : ce Jo maigrichon aux cheveux teints, c'est Arrow, mort sans qu'elle le sache et réincarné.” (Dragon Ash)