lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 11

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) "Salomon était déchiré. Il aurait voulu l’emmener très loin, et en même temps s’enfuir, tant il se sentait insignifiant, un immonde cafard face à cette apparition foudroyante. Mais elle était bien là, en train de lui demander quelque chose, il n’avait pas compris, son cerveau s’était endormi, et voilà encore le regard vide, le poisson mort, comment lui montrer ce feu qui brûlait en lui ? En fait, elle voulait simplement savoir si le jardin appartenait ou non aux maîtres de maison…" (Alice Bé).


(Suite de l’histoire n°2) "Heisenberg attendit. Embrassant du regard le château et le parc, il s'étonnait de la vétusté du lieu, qui semblait à l'abandon depuis plusieurs siècles. Seule la longue trace blanche d'un avion de ligne, au loin, empêchait de se croire revenu aux temps des princes et princesses. Il suivit du coin de l’œil la lente escalade du mur par un hanneton engourdi. Puis il sonna à nouveau. L'entière bâtisse dormait. Un poisson, d'un coup de reins vif, troubla la surface de l'eau. Heisenberg sonna une troisième fois. Une vois grésillante répondit enfin: "Qui est-ce?". Il prit sa plus belle voix de basson et lança: "Michael Heisenberg, pour Monsieur Sheep." " (David M.).


(Suite de l’histoire n°3) "Sans plus attendre, je rentre à l'hôtel, j'allume mon ordinateur et je prends un billet de retour. J'ai le cafard, je veux rentrer. Le soir, je pense sortir, profiter quand même un peu de ce voyage. Mais il se met à pleuvoir, un orage violent et interminable. Je reste dans ma chambre, et je m'endors devant la télé. Je fais un rêve où je porte un costume de pompier, alors que des poissons rouges flottent autour de moi dans un vaste mouvement circulaire. De temps à autre, l'un d'entre eux s'arrête, me fait face, et me pose une question, toujours la même : « Où va l'arbre ? Où va l'arbre ? »" (FG).


(Suite de l’histoire n°4) "Mais où se trouvait donc la belle endormie ?
Jean-Jesus sentait la flambée de sentiments s’apaiser graduellement, son cœur ralenti, aéroplane planeur.
Il se rassurait : à mesure que les minutes s’écoulaient, il apprivoisait la pénombre silencieuse ; amoureux du mystère, il devenait le personnage somnambule d’un récit fantastique ; au bout de ses mains, chaque doigt semblait accroître des senseurs emplissant l’espace, bourgeons électriques et tactiles." (Louis Butin).


(Suite de l’histoire n°5) "Wright était encore coincé dans les Ormes sur le Fleuve, niveau complexe et traître du jeu du Livre où traînaient des bandes de nautonniers nains aux questions vicieusement platoniciennes. Non, il n'avait pas croisé Shark ces derniers temps. Leur dernière partie avait tourné à la bataille rangée.
"Ta copine m'a envoyé un double et j'ai dû investir tout mon crédit en cantharides pour renvoyer ce fichu Doppelgänger à ses chères études.
— En cantharides ? fit Arrow, distrait. Ce n'est pas un excitant sexuel, ça ?
— Si, justement. Mais au niveau où nous jouions — Odyssée, si mes souvenirs sont bons, ça les affole et les voilà bons pour les sirènes. Les vraies, les féroces, les cannibales, pas tes gentilles femmes-poissons à la Andersen.
— Ah."
La brebis s'était couchée sur le flanc, ronflait doucement. Sur le plafond, Etsuko elle aussi avait fermé les yeux, toujours silencieuse.
" Wright… Tu es passé par la Tour, récemment ?
— Non, pas pu. C'est niveau Zeus, cher ami. Cinq degrés au-dessus des Ormes. Pourquoi ? Shark n'y est pas déjà, quand même ?"
Shark, Etsuko Shark. Eve Etsuko Shark. Eve Etsuko Bloody Effing Kagi Shark. Le souvenir lui sectionna le cœur en deux d'Etsuko à l'aéroport de Denver, mâchoires serrées, regard fulminant. " (Dragon Ash).